Paris Photo 2025 : mes coups de cœur
Notre hôtel se transforme en auberge espagnole : entre deux expos, on refait le monde autour d'un verre, on compare nos appareils comme des gamins, et on rit beaucoup trop fort dans tout Paris ! Mais qu’est ce que ça fait du bien ! Se retrouver tous autour d’une même passion.
Paris Photo est un rendez-vous que j'aime pour une raison simple : j'y retrouve les maîtres que j'admire et je découvre, à chaque édition, des artistes que je ne connais pas encore. C'est cette combinaison qui me plaît : revoir des images iconiques, en découvrir d'autres, et ressortir avec l'envie de créer.
Voici les expositions qui m'ont vraiment marquée cette année :
- Edward Weston à la MEP : une oeuvre indispensable à connaître
Si vous ne deviez voir qu'une seule expo, ce serait celle-ci. Edward Weston, pionnier de la photographie moderniste américaine, c'est tout simplement immense. L'homme a révolutionné la photographie du XXe siècle. Les tirages sont d'une beauté à couper le souffle. Paysages, nus, portraits, natures mortes... Weston maîtrisait tout.
Le poivron se transforme en sculpture abstraite. Cadrage serré, courbes sublimées, fond effacé : l'objet banal devient vivant, la nacre imite la peau.
À l'inverse, ses nus se font presque statue de marbre, sensualité et géométrie fusionnent.
Weston était obsédé par la forme pure et la "photographie pure", et ça se voit dans chaque image. Une œuvre indispensable à connaître quand on est photographe.
- Tyler Mitchell à la MEP : « Wish This Was Real »
Grosse découverte pour moi ! À tout juste 30 ans, Tyler Mitchell incarne le nouveau regard de sa génération sur la photographie de mode.
Ce qui frappe chez Mitchell, c'est sa rigueur esthétique : couleurs vives, gestuelles posées, mises en scène minutieuses. Chaque image est composée et pensée. Son travail dialogue avec la peinture classique, la photographie de mode et le portrait en studio, tout en questionnant l'identité et l'histoire de la communauté noire américaine.
Un artiste à suivre de très près.
- Paris Photo au Grand Palais (qui vient de se refaire une beauté !)
Voilà plusieurs années que je n'y avais pas mis les pieds (toujours les mêmes photographes et tirages). Mais retrouver le Grand Palais dans toute sa splendeur sous la verrière, c'était un vrai bonheur.
Cette année, la foire accueillait 222 exposants : 179 galeries et 43 éditeurs venus de 33 pays, c'est énorme ! On retrouve les galeries les plus illustres comme Polka, La Chambre Claire, Magnum...
Revoir les grands maîtres de la photographie dans ce lieu mythique, c'était un pur bonheur.
Sur les coursives, le secteur livre déployait une belle programmation.
Et cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas joué la groupie à une séance de dédicace. Dolorès Marat, figure marquante de la photographie française, elle est connue pour son style très reconnaissable avec ses dominantes électriques et ses flous sublimés par les tirages Fresson. Une personne adorable, en plus. Que demander de plus ?
- Denise Bellon au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme
Encore une photographe formidable qu'on avait oubliée. Chaque année, Paris Photo me fait redécouvrir des talents injustement effacés : des photographes qui savaient capter le monde avec humilité et humanité.
Denise Bellon (1902-1999), pionnière du photojournalisme et figure du milieu surréaliste, a notamment couvert le maquis républicain espagnol replié dans l'Aude pour Midi Libre, journal fondé par son mari Armand Labin. Un lien particulier avec notre région ! Son travail nous parle d'un monde d'avant, d'une histoire qui se révèle bien plus contemporaine qu'il n'y paraît.
- Galerie Roger-Viollet : Gaston Paris et les trésors du passé
Chaque année, un passage obligé à Photo Saint-Germain et la Galerie Roger-Viollet. Cette galerie est une vraie pépite pour découvrir ou redécouvrir ces photographes du passé au talent immense, souvent oubliés.
Cette année, c'est Gaston Paris (1903-1964), figure singulière de la photographie du XXe siècle. Son cadre carré est rempli à la perfection, toujours avec élégance, et ses images dégagent une ambiance de cinéma troublante.
Je me serais bien offert un tirage. Si je gagne au loto, je serai collectionneuse !
- Vanessa Paradis à la Galerie de l'Instant : le paradis !
L'exposition rassemble les plus beaux portraits de Vanessa Paradis signés Paolo Roversi, Ellen von Unwerth, Kate Barry, Jean-Baptiste Mondino ou encore Claude Gassian. Des images iconiques qui retracent quarante ans de carrière entre musique, cinéma et mode. Un pur bonheur visuel.
Et au sous-sol ? La caverne d'Ali Baba ! Une cave voûtée incroyable où s'entassent des centaines de tirages vintage : Marilyn Monroe, Steve McQueen, Liz Taylor, Bob Dylan... Le genre d'endroit où on pourrait passer des heures à fouiller et à rêver.
Un vrai trésor pour les amoureux de la photo argentique. Une adresse incontournable dans le Marais !
- Et pour finir, rien à voir avec la photographie : AMAZÔNIA au Musée du Quai Branly
Une exposition fabuleuse. Loin des clichés, cette expo met en lumière l'Amazonie du point de vue autochtone, un monde vibrant où coexistent une multitude d'entités, humaines et non-humaines.
J'ai visité la Guyane et la forêt amazonienne en 2004, et cette expo m'a fait voir mon voyage autrement. Cette connexion entre l'homme, les animaux, les plantes et les esprits. Cette poésie et cette création artistique que je ne soupçonnais pas. Une richesse culturelle incroyable qui va bien au-delà de ce qu'on imagine.
La Tour Eiffel illuminée aux couleurs de la France, en hommage aux attentats du 13 novembre.
Et maintenant, retour à Béziers !
La tête pleine d'inspiration et les yeux qui pétillent. Rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles aventures parisiennes !
Audrey